dessin de banlieue

ARTICLE 1

Première étape - Choix du mot


Pour le projet Le mot sur le web nous avons dû choisir un mot sur lequel travailler et sur lequel accomplir une analyse linguistique tout en confrontant ses différentes connotations dans les autres langues choisies. Nous avions plusieurs idées: "dépaysement", "sentir" et "banlieue".

Nous avons dû procéder par élimination et ainsi constituer une méthode de travail : d'abord nous souhaitions partir de l'analyse linguistique et de l'emploi en contexte du mot pour aboutir à des généralisations conceptuelles ou socio-culturelles.

Ainsi, il est important que le mot choisi soit traduisible dans toutes les autres langues, assez facilement.

La polysémie ou la connotation du mot doit exister, car elle constituera notre principale source de questionnement, mais elle ne doit pas être trop large et confuse.

Il faut nous assurer que des corpus existent et sont exploitables dans toutes les langues étudiées.

Nous avons donc procédé en 3 étapes :

  1. Définition du mot et traduction ;
  2. Recherche de corpus en contexte (définition de mots-clés liés au mot choisi) ;
  3. Comparaison et analyse rapide des résultats.

Si l’une de ces étapes pose problème, cela signifie que le mot en question pose problème.



Le mot "sentir"


Le mot “sentir” nous paraissait intéressant car son emploi est très différent en français, en anglais ou en italien. L’italien ne présente pas les mêmes distributions du verbe “sentir” qu'en français. Par exemple, la phrase “ça sent bon” est intraduisible telle quelle. En revanche, l’italien "sentire" peut s’utiliser en parlant d’un son : “sentir un bruit”, au lieu de "entendre" ou "écouter" en français.

Nous n’avons finalement pas choisi ce mot car il s’agit d’un verbe ; or nous avons remarqué que les verbes ne sont pratiquement pas exploités dans les projets passés. En effet, un verbe pose des problèmes de contextualisation au moment de la création d’un corpus. La recherche d'un corpus fondé sur "sentir" aurait été fastidieuse car le mot est difficile à contextualiser sans que le corpus ne resulte trop incohérent.



Le mot "dépaysement"


Contrairement au verbe “sentir”, le mot “dépaysement” nous procurait une mise en contexte précise et un corpus exploitable. Par contre, ce mot est difficilement traduisible en anglais et encore moins en italien. Voici les définitions trouvés sur internet :

Défintion du Robert : "Changement agréable d'habitudes ou sentiment dérangeant, fait d’être troublé par un changement d’habitudes, de lieux, d’occupations, d’idées”

Traduction en italien du Larousse : “Spaesamento” (sentiment dérangeant, perte de repères, désorientation)

Traduction en anglais de wordreference : “Change of scenery (positive), desorientation (negative), culture shock (negative)”

Nous voyons que la traduction italienne du mot “dépaysement” ne parvient pas à prendre en compte toutes les connotations sémantiques présentes en français : l’italien souligne seulement l’aspect négatif du mot. En anglais, la sémantique de “dépaysement” est récupérée par plusieurs signifiants, ce qui nous oblige à en choisir un seul et ainsi à appauvrir également les acceptions du mot traduit.



Le mot "banlieue"


Après examination, le mot “banlieue” respecte les 3 étapes de la méthode : il est facilement définissable, il est facilement traduisible en italien et en anglais et permet de constituer un corpus cohérent et exploitable.

Définition du mot selon le Larousse : "Ensemble des localités administrativement autonomes qui environnent un centre urbain et participent à son existence"

En italien, deux traductions se présentaient à nous : “periferia” et “sobborgo”.

Définition de “sobborgo” selon le Treccani (traduite en français par Diego) = complexe de constructions qui s’est developpé loin du centre ville (...)”

Définition de “periferia” selon le Treccani (traduite en français par Diego) = “ensemble de quartiers d’une ville loin du centre”

“sobborgo” s’éloignait trop de la définition de “banlieue”, nous avons donc choisi “periferia”.

Le cas de l'anglais soulevait exactement le même problème : il existe le mot “suburb” ou le mot “outskirts” en tant que traductions de "banlieue". D’après le Collins, “suburb” signifie “an outlying district of a city, especially a residential one” et “outskirts” signifie “the outlying district or region, as of a city, metropolitan area, or the like”

Après avoir comparé les résultats des recherches entre les deux termes, nous avons vu que le mot “outskirts” ne nous permettrait pas de créer un corpus assez important. Nous avons donc choisi “suburb”.


Pourquoi ce mot?


Ce mot nous paraît particulièrement intéressant car malgré une définition assez neutre et précise dans le dictionnaire, le mot “banlieue” est très connoté en français, notamment dans la presse. C’est un mot qui traduit aussi une réalité urbaine et socio-culturelle particulière et nous voulons découvrir si l’analyse de son utilisation dans la presse permet de transcrire cette spécificité, et s’il en est de même en Italie, en Grèce et aux États Unis.


Problématique linguistique


Est-il possible d'affirmer, en s’appuyant sur les discours de presse, que la signification du mot “banlieue” en français traduit un phénomène social franco-français, in extenso que dans d’autres langues il n'a pas la même connotation ?

À propos

Ce site propose une analyse socio-linguistique de l'utilisation du mot "banlieue" dans la presse numérique française, anglaise, italienne et grecque.
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