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Cinq jeunes, deux filles et trois garçons, racontent leur banlieue, leur quartier, leur cité, loin des clichés. . (Illustration Sandrine Martin) par ZEP Zone d'expression prioritaire publié le 10 juillet 2017 à 17h06 ZEP et Libération. En publiant ces textes, Libération poursuit l'aventure éditoriale entamée depuis janvier 2015 avec la Zone d'expression prioritaire. La ZEP, média participatif déjà associé à l'Etudiant, au Huffington Post, à l'émission Périphéries sur France Inter - hélas supprimée à la rentrée prochaine - et à l'Association de la fondation étudiante pour la ville (Afev), est un dispositif original développé par une équipe de journalistes pour déployer l'expression des jeunes. Le principe : inciter les lycéens, étudiants, travailleurs, chômeurs, urbains, ruraux à se raconter et à témoigner sur l'actualité et les sujets qui les concernent (école, fac, emploi, argent, santé, amour…) en les accompagnant. Ces récits, à découvrir sur La-zep.fr, dressent un panorama inédit et bien vivant des jeunesses de France. Lire nos précédentes publications sur Libération.fr. Laura, étudiante, 25 ans, Marseille «Souvent on me dit : "Quoi ? tu rentres toute seule ?"» «Air Bel est la plus grande cité de Marseille : 6 000 habitants, quatre tours… Presque à flanc de colline avec vue sur les monts des Calanques. Air Bel a un lourd passé lié au trafic de drogues dans les années 90, qui s'est aujourd'hui beaucoup calmé, faute de s'être éteint. La cité a un air de Belle au bois dormant, décors de conte de fée : de grands pins, des chants d'oiseaux et, parmi les voitures brûlées au printemps, des fleurs ! Souvent, lorsque je rentre de nuit, on me dit : «Quoi ? Toi, tu habites à Air Bel ? Et tu rentres toute seule ? Tu sais une fille comme toi devrait faire attention…» Que craignent-ils ? Je me demande pourquoi ils ne vont pas y regarder de plus près, eux qui habitent tout à côté. Car pour moi, c'est l'exemple type d'un quartier populaire qui pâtit de l'idée qu'on s'en fait. Certes, la cité s'est vidée de ses commerces et de ses activités. Pourtant, on y rit comme ailleurs ! Quand on s'arrête prendre un café chez un voisin ou dans la rue, on ne sait jamais pour combien de temps on est embarqué. «Il y a D., qui s’évertue coûte que coûte à faire vivre une association de locataires malgré la mauvaise grâce du bailleur à lui mettre à disposition un local. Il y a les incessantes disputes de palier entre Madame K. et Madame B., les plantes de C. et P. qui colonisent la montée d’escalier, les piscines qui s’installent l’été sur les toits des bâtiments à la grande indignation de ceux qui vivent en dessous, des cris qui se transforment au fil des récits en rires… Ou encore, Favour, 8 ans, la petite fille que j’accompagne chaque semaine, qui a découvert, parmi les pierres délimitant l’accès au stade, des nuées de coccinelles. 1, 2, 3, 10, 25, 50… Quel gamin des beaux quartiers se lancerait, un samedi aprèm, dans une chasse aux insectes improvisée ?» Sofiane (1), 15 ans, lycéen, Les Ulis (Essonne) «Est-ce que je veux être comme les grands ?» «Les grands buildings ? Les grands rêves ? Non, rien de tout ça, je veux parler des grands de la cité. Les parents les utilisent pour nous dire que si on «continue comme ça», on deviendra comme eux : «Des glandeurs qui ne font rien de leur vie, qui restent sur leur banc et vont finir clochards.» Voilà comment les grands sont décrits par les vieilles du rez-de-chaussée. Le banc, c'est la première chose qui me vient à l'esprit lorsqu'on me parle des grands de la cité. C'est le lieu où ils crèchent… On les entend rire depuis l'autre bout de la cité. Ce sont des gens marrants pour les uns, bruyants pour les autres. Les grands, ce sont les genres de personnes qui «check» en te disant : «Wesh wesh beau gosse.» Même s'ils nous connaissent pas personnellement, ils savent toujours que tu es de la cité : «Hé ! T'es pas le grand à Mehdi, a wai la vie d'ma dar que j't'ai cramé.» Ces grands ont une grande influence sur tous les autres. On veut tous être des gangsters respectés du quartier, des dealers pendant les heures perdues. Méprisés par certains, des exemples pour les autres. Et moi, est-ce que je veux être comme eux ?» (1) Le prénom a été modifié. John, 26 ans, salarié en insertion, Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) «Moi j’aime mon quartier» «J’habite à Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, une ville dont les médias ont une fâcheuse tendance à faire une mauvaise pub. Ils la cataloguent et ils oublient que des personnes intègres y vivent. A Aulnay, la vie commence à 5 heures du matin. Les bruits des bus et les klaxons des camions-poubelles donnent le ton de la journée ! En faisant un zoom pour obtenir un plan rapproché de mon bâtiment, nous pouvons voir trois familles différentes, dont la mienne. Mon voisin de palier se nomme Jordan, il est gitan et est marié à une Serbe. Juste en dessous, il y a une famille d’origine maghrébine. J’ai toujours été ému par ce mélange culturel qui enrichit mon quotidien. Le matin, départ de Jordan pour le travail. La mauvaise sonorisation des lieux a aussi ses avantages : ses pas dans les escaliers me servent de réveil. «Le soir, après une journée de travail, je monte les premières marches de l’escalier et je sens les odeurs du couscous de mes voisins. En une seconde, je m’évade et je voyage. Arrivé devant ma porte, j’entends mon voisin jouer de la guitare, et un mélange de chants gitans et bretons. Certains préféreraient sans doute se poser dans un silence morbide et éviter les odeurs de nourriture. Moi j’aime cette richesse, j’aime mon quartier. J’aime les valeurs qu’il me transmet, indirectement, tous les jours : le respect, la mixité et par-dessus tout, la tolérance. Ces trois valeurs m’ont appris à apprécier la différence.» Hakim, 23 ans, étudiant, Grande-Synthe (Nord) «Je ne supporte plus cette vie de iench» «Je suis en bas. Tout le temps, tous les jours, toutes les nuits, à tourner en rond. Zépek me tend un joint. Je tire dessus un gros coup, expire. Là, j’oublie tout. Là, je me sens bien, ou plutôt, je ne me sens plus. Là, y a plus de colère. Y a plus d’angoisse, plus d’avenir à sauver, plus de mauvais souvenirs à oublier. Y a plus de shit dans la chaussette, y a plus d’embrouilles, plus de keufs. Y a plus la Mama en pleurs. Plus rien. J’ai mal, car la vie est si noire vue d’en bas. Je ne supporte plus cette vie de iench. A tenir les murs entre cafards, dealer entre cafards, se taper entre cafards, mourir entre cafards. Si encore y avait du respect pour ceux qui sont partis, paix à leur âme. Les morts en motos, les overdosés, les assassinés, les suicidés. Je ne supporterai pas une année de plus ici. J’en peux plus du béton, de la prison, des debza. J’en peux plus d’être enfermé ici. Faut que je m’évade. Demain, je tenterai le tout pour le tout. La première fois que j’en ai parlé aux autres, ils m’ont ri au nez. Puis quand ils ont compris que je ne blaguais pas, ils ont pris peur. Ils m’ont dit que je prenais des risques, que nos petits plans hass étaient plus sûrs. Qu’avec ces conneries je jouais ma vie. Maalich. Je n’ai pas besoin d’eux. J’irai solo. Je sortirai à l’aube, le sac en bandoulière. Que ça marche ou pas, demain je ne serai plus là. Demain c’est décidé, je retourne à l’école.» Farah, 22 ans, étudiante (Seine-Saint-Denis) «J’aimerais que le Président me dise ce qu’il pense» «Quand je me suis posé la question de savoir ce que j’attends d’un président de la République, j’ai pensé à ma banlieue du 93 dans laquelle j’ai grandi et où je croisais tous les jours de jeunes ados en train de s’insulter ou de se battre comme si c’était anodin. J’ai pensé qu’ils ne savaient pas eux-mêmes qu’ils devenaient leur propre cliché et qu’ils allaient rester exactement là où on les attendait : c’est-à-dire pas bien haut dans l’échelle sociale, parce que d’autres n’avaient pas daigné leur donner les moyens de la monter. J’aimerais que le Président me dise ce qu’il pense de ce que c’est que de n’avoir pas de famille qui vous offre le vocabulaire, les livres, la culture, la musique, qui vous fasse parler et penser autrement, aller vers un autre destin que celui qui vous condamne d’avance. Je voudrais qu’il me dise pourquoi les mairies n’ont plus d’argent pour leur budget culture. «J’aimerais qu’il se rende compte que ce n’est pas seulement l’histoire de deux jeunes en train de se rouer de coups qui se joue là au coin de la rue dans laquelle il ne va jamais, mais bien l’histoire d’une nation entière. Que c’est dans les petites choses que naissent les grandes guerres. Que tout ce qui favorise l’intégrisme est justement ce qui est de l’ordre de l’égalité, de l’accès aux soins, de la culture, et de leurs difficultés (voire impossibilité) d’accès. Dans nos banlieues, beaucoup de jeunes ont plein de potentialités qui cherchent à s’épanouir, et pourtant, ils sont parfois sur le point d’exploser de ne pas savoir comment et de ne pas trouver les outils pour se réaliser.» Saint-DenisMarseilleAulnay-sous-BoisDrogues (BUTTON) (BUTTON) Dans la même rubrique Manifestation à Paris : «J’espère voir des gilets jaunes actifs, pas des gilets jaunes de canapé» 7 janv. 2023 A Nantes, la métropole ne tombe plus dans le panneau publicitaire Société7 janv. 2023 Dani Ploeger, écrans tactiles et masturbation Lifestyle7 janv. 2023abonnés Un nouveau traitement très attendu contre Alzheimer autorisé aux Etats-Unis Santé6 janv. 2023 Le portrait du jour Esteban Ocon, va vite et deviens 6 janv. 2023abonnés © Libé 2022 © Libé 2022 Dans l'actu * Réforme des retraites * Le gouvernement Borne * Crise énergétique * Réchauffement climatique * Inflation * Covid-19 * Guerre en Ukraine * Révolte en Iran Services * S'abonner(Opens in new window) * La boutique(Opens in new window) * Contactez-nous(Opens in new window) * Donnez-nous votre avis(Opens in new window) * Foire aux questions(Opens in new window) * Proposer une tribune(Opens in new window) * Evénements Libé(Opens in new window) * Cours d'anglais(Opens in new window) * Petites annonces(Opens in new window) Conditions générales * Mentions légales(Opens in new window) * Charte éthique(Opens in new window) * CGVU(Opens in new window) * Protection des données personnelles(Opens in new window) * Gestion des cookies(Opens in new window) * Licence(Opens in new window) Où lire Libé? * Lire le journal(Opens in new window) * Les newsletters(Opens in new window) * Présentation de l'application(Opens in new window) * Application sur Android(Opens in new window) * Application sur iPhone / iPad(Opens in new window) * Archives Libération